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mercredi 30 juillet 2025

Communications par diffusion météoritique en 6 m et 2 m avec le mode MSK144

Communications par diffusion météoritique en 6 m et 2 m avec le mode MSK144


Introduction

La liaison par météore (meteor scatter) est un mode de propagation radio exploitant les traînées ionisées laissées par les météores lors de leur entrée atmosphérique, permettant d’établir de brefs canaux de communication entre des stations jusqu’à plus de 2 000 km de distance fr.wikipedia.org. Ce type de propagation, bien connu des radioamateurs sur les bandes VHF 50 MHz (6 m) et 144 MHz (2 m), offre la possibilité de liaisons à grande distance indépendamment des conditions ionosphériques habituelles (ouvertures sporadiques E, propagation troposphérique, etc.). Aujourd’hui, grâce aux modes numériques rapides et performants, en particulier le mode MSK144, les contacts en météor-scatter sont devenus beaucoup plus faciles et fiables qu’autrefois – au point que MSK144 est devenu le mode de prédilection des amateurs du monde entier pour ce type de communication wsjt.sourceforge.io. Cet article propose une étude détaillée du phénomène de propagation par météores, du mode MSK144, des conditions optimales (saisons, heures) en Europe, des équipements requis (puissance, antennes), un comparatif avec d’autres modes, ainsi qu’un aperçu historique et scientifique (utilisations militaires, etc.) afin d’en fournir une vue détaillée au niveau d’un expert radioamateur et scientifique.

Principe de la propagation par météores

Figure 1 : Schéma simplifié de communication par météor-scatter. Un émetteur radio envoie un signal vers l’ionosphère ; le signal est réfléchi par la traînée ionisée d’un météore et renvoyé vers la Terre, permettant à une station réceptrice au-delà de l’horizon direct de capter le signal.

Lorsqu’un météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à haute vitesse, il s’échauffe et se désintègre en laissant dans son sillage une traînée de particules ionisées (le météore ou « étoile filante » visible) dans la couche E (~80–120 km d’altitude). Cette traînée ionisée, bien que de courte durée (quelques fractions de seconde à quelques secondes en général), peut atteindre une densité électronique suffisante pour réfléchir les ondes radio VHF fr.wikipedia.org. Ainsi, deux stations au sol, chacune « voyant » une partie de la traînée ionisée à l’horizon, peuvent échanger des signaux en profitant de cette réflexion transitoire. En fonction de l’angle d’entrée du météore et de la géométrie émetteur-récepteur par rapport au point de diffusion, la distance maximale de communication par ce biais peut atteindre typiquement ~500 à 2 300 km arrl.org, et jusqu’à ~2 250 km dans certains cas en.wikipedia.org. Les réflexions peuvent être vers l’avant (le météore se trouvant approximativement entre les deux stations) ou en rétrodiffusion (le récepteur capte l’écho d’un météore situé au-delà de l’émetteur) fr.wikipedia.org.

La durée de réflexion utile d’une traînée météoritique dépend de plusieurs facteurs : la taille et la vitesse de la particule (qui conditionnent la densité et la durée de l’ionisation), la fréquence utilisée, etc. En règle générale, plus le météore est gros et rapide, plus la traînée sera dense et durable. Inversement, de petits météores lents peuvent ne produire qu’une ionisation très brève ou négligeable arrl.org. La fréquence radio joue aussi : à des fréquences relativement basses (ex : 28 MHz ou 50 MHz), une traînée active peut soutenir une communication durant plusieurs dizaines de secondes, voire quelques minutes pour les météores les plus favorables arrl.org. En revanche, à 144 MHz (2 m), le même météore ne permettra qu’une fenêtre de quelques secondes (typiquement < 5–10 s de signal exploitable) arrl.org. Sur des bandes encore plus hautes (UHF ~432 MHz), les échos de météores ne durent souvent qu’une fraction de seconde arrl.org. Ces différences s’expliquent par le fait que les traînées ionisées de densité modérée reflètent plus efficacement les fréquences plus basses : une traînée trop faible peut encore renvoyer des ondes de 50 MHz, alors qu’elle sera pratiquement transparente à 144 MHz.

Pour qu’une liaison météor-scatter soit établie, il faut qu’au moins un météore traverse l’atmosphère à un emplacement approprié par rapport aux deux stations. Le point de réflexion optimal se situe souvent dans la région médiane du trajet (vue tangentielle à la trajectoire directe) et à une élévation relativement basse (typiquement < 45° au-dessus de l’horizon pour maximiser la distance) arrl.org. En pratique, les signaux en météor-scatter apparaissent soudainement sur une bande « habituellement fermée », restent audibles quelques instants, puis disparaissent. Le phénomène peut paraître furtif et aléatoire. Néanmoins, les météores sont extrêmement nombreux : la Terre balaie continuellement des poussières spatiales sur son orbite, offrant 24h/24 des opportunités de signaux diffusés par météores. Certes, en dehors des « pluies » intenses, les météores aléatoires (sporadiques) produisent des pings relativement rares – d’où la nécessité, comme on le verra, d’utiliser des modes de transmission très brefs et efficaces pour exploiter ces fenêtres de quelques dixièmes de seconde wsjt.sourceforge.io.

Historique et utilisations militaires/scientifiques

Le phénomène de réflexion des ondes par les météores a été pressenti dès les années 1920-1930 par des chercheurs comme Greenleaf Pickard et A. M. Skellett, qui avaient observé des perturbations radio lors d’essaims météoriques (ex : Léonides) et émis l’hypothèse d’une réflexion par les électrons des traînées météoriques fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Durant la Seconde Guerre mondiale, des radars pointés vers le ciel ont confirmé que les météores pouvaient réfléchir des signaux radio (J. S. Hey en 1944) en.wikipedia.org. C’est dans les années 1950 que l’on tenta délibérément d’utiliser ce mécanisme pour communiquer. L’un des premiers projets opérationnels fut mené au Canada (Projet JANET) dès 1952 : une liaison expérimentale envoyait des salves de données sur ~2000 km (de la Saskatchewan à Toronto) en VHF (autour de 90 MHz) dès qu’un écho météore était détecté, réalisant ainsi une transmission « burst » fonctionnelle en.wikipedia.org.

Les forces armées ont tôt fait de s’y intéresser : en pleine guerre froide, l’OTAN déploya à partir de 1965 le système COMET (COmmunication by MEteor Trails) pour assurer des communications stratégiques sur de longues distances (plusieurs stations en Europe reliées jusqu’au QG du SHAPE) en.wikipedia.org. COMET offrait des débits modestes de l’ordre de 115 à 310 bits/s selon la saison (le taux de météores dépend en effet de la période de l’année) en.wikipedia.org. Avec l’essor des satellites à la fin des années 1960, l’intérêt militaire pour le météor-scatter a diminué, mais ce mode a connu un regain dans les années 1970 pour des situations particulières : l’US Air Force a par exemple installé un réseau en Alaska utilisant la diffusion météorique (MBC) pour pallier les difficultés de communication satellitaire aux hautes latitudes et assurer des transmissions sécurisées en.wikipedia.org. Des programmes de R&D ont continué, tel le projet AMBCS (Advanced Meteor Burst Comm. System) financé par la DARPA : en utilisant des antennes à balayage de phase pointées dynamiquement vers les zones du ciel optimales, ce système expérimental a atteint des débits moyens de ~4 kb/s en.wikipedia.org – soit bien plus que les réseaux météor-scatter des années 1960, tout en restant inférieur aux satellites. Enfin, la science a aussi exploité ce mécanisme : pendant plus de 40 ans, le département de l’Agriculture des États-Unis a géré le réseau SNOTEL de mesure de la neige, où plus de 900 stations isolées envoyaient quotidiennement leurs données météorologiques en VHF via des liaisons météor-scatter vers un centre collecteur en.wikipedia.org. Ce réseau n’a été mis hors service qu’en 2023, ayant lui aussi fini par céder la place à des solutions plus modernes.

Du côté des radioamateurs, l’idée d’utiliser les météores remonte au moins à un article de QST en 1953 proposant d’exploiter ce mode sur 15 m et 20 m pendant les périodes où ces bandes sont « mortes » wsjt.sourceforge.io. Rapidement, les amateurs se sont aperçus que les bandes VHF (6 m, 2 m) étaient bien plus propices : le bruit de fond y est plus faible et on peut obtenir du gain avec des antennes directives relativement compactes, ce qui a permis d’étendre la portée des liaisons météor-scatter jusqu’à environ 1300 miles (~2100 km) dès les années 1960 wsjt.sourceforge.iowsjt.sourceforge.io. À l’époque, les contacts se faisaient en télégraphie (CW), en profitant des rares météores dits « blue whizzers » dont les traînées persistaient plusieurs secondes wsjt.sourceforge.io. Pour augmenter les chances, les amateurs européens ont innové en développant la télégraphie à très haute vitesse (HSCW) dans les années 1960-70 : on émettait des messages Morse à 300–1200 mots par minute (10–40 caractères par seconde), envoyés en continu pendant des minutes, dans l’espoir qu’un ping météore d’une fraction de seconde suffise à transmettre quelques lettres wsjt.sourceforge.io. Des enregistreurs à bande modifiés permettaient de ralentir la lecture du Morse reçu afin de le déchiffrer à l’oreille wsjt.sourceforge.io. Plus tard, des ordinateurs ont permis de monter jusqu’à 150 cps (~1800 mots/min) en HSCW à la fin des années 1990 wsjt.sourceforge.io. Durant la même période, en Amérique du Nord, certains amateurs pratiquaient le météor-scatter en SSB voix lors des pluies d’étoiles filantes, en appelant aléatoirement « CQ meteor » sur des fréquences ad hoc (par exemple autour de 28,5 MHz sur 10 m) pendant les maxima de météores arrl.org. Néanmoins, c’est bien le Morse accéléré qui dominait en Europe jusqu’à la fin du XXᵉ siècle pour les liaisons VHF par météores arrl.orgfr.wikipedia.org.

Au tournant des années 2000, l’arrivée des modes numériques a révolutionné ces pratiques. Le célèbre astrophysicien Joe Taylor (K1JT) a développé en 2001 le programme WSJT et un premier mode dédié au meteor scatter : FSK441 wsjt.sourceforge.io. Ce mode utilise une modulation FSK à 4 tons diffusant 147 caractères par seconde, sans démodulation cohérente (d’où le besoin d’un signal ~3–6 dB au-dessus du bruit dans 2500 Hz de bande passante pour être décodé correctement) wsjt.sourceforge.io. FSK441 a connu un immense succès : entre 2001 et la fin des années 2010, des centaines de milliers de QSO meteor-scatter ont été réalisés en VHF avec ce mode wsjt.sourceforge.io. Il a même été testé jusqu’en UHF 432 MHz sur de très courtes distances wsjt.sourceforge.io. En Europe, un mode alternatif appelé JT6M (également de K1JT) a été utilisé sur 50 MHz vers 2005–2010 : ce mode à séquences de 30 s était jugé plus adapté aux échos plus longs du 6 m (lors des pluies intenses, un météore peut donner un burst de plusieurs secondes sur 50 MHz) qsl.net. Un autre mode, l’ISCAT, a aussi existé pour exploiter des bursts intermédiaires. Cependant, l’amélioration des performances des PC au fil du temps a ouvert la voie à un nouveau mode encore plus efficace. En 2016, une version avancée de WSJT-X introduit MSK144, un protocole pensé spécifiquement pour tirer profit des pings météores les plus brefs tout en améliorant la sensibilité et la fiabilité du décodage wsjt.sourceforge.iowsjt.sourceforge.io. En l’espace de quelques mois, MSK144 a supplanté FSK441 comme nouveau standard mondial des communications météor-scatter amateurs wsjt.sourceforge.io. Depuis 2017, pratiquement 100 % du trafic meteor-scatter en Europe se fait en MSK144 sur les fréquences dédiées qsl.netqsl.net. Ainsi, en l’espace de quelques décennies, on est passé de contacts laborieux en Morse accéléré à des échanges automatiques fiables grâce aux modulations numériques et au traitement du signal.

Le mode numérique MSK144 en détail

Le MSK144 (Minimum Shift Keying 144) est un protocole de communication numérique conçu pour optimiser les échanges via les très courts éclats de propagation météor-scatter. MSK désigne une modulation de type minimum shift keying, une forme particulière de FSK à phase continue où le déplacement de fréquence est égal à la moitié du débit en baud. Concrètement, MSK144 envoie des symboles binaires à 2000 bauds (2 kSym/s) via deux tonalités audio à 1000 Hz et 2000 Hz wsjt.sourceforge.io. Chaque trame MSK144 transporte 144 bits utiles (d’où son nom) et dure 72 ms, structurée en messages de 15 secondes comprenant de multiples répétitions et de la correction d’erreur (FEC) pour fiabiliser la réception wsjt.sourceforge.iowsjt.sourceforge.io. Le signal ainsi généré occupe environ 2 kHz de bande passante et ressemble à un OQPSK continu à enveloppe quasi-constante, ce qui permet une démodulation cohérente et même des techniques d’intégration sur plusieurs bursts en réception wsjt.sourceforge.io. Grâce à ces caractéristiques, MSK144 peut décoder des messages avec un rapport signal/bruit très faible, jusqu’à ~−8 dB dans la bande de référence 2500 Hz wsjt.sourceforge.io – un gain d’environ 8–10 dB par rapport à FSK441 (qui nécessitait un signal légèrement au-dessus du bruit) wsjt.sourceforge.iowsjt.sourceforge.io. En outre, son débit effectif de ~250 caractères par seconde est suffisamment rapide pour exploiter des pings de l’ordre de 0,1 s seulement wsjt.sourceforge.iowsjt.sourceforge.io, ce qui le rend capable de tirer parti des météores les plus fugitifs où les modes plus lents échoueraient.

MSK144 est implémenté dans les logiciels WSJT-X et MSHV largement utilisés par les radioamateurs g7rdx.co.ukg7rdx.co.uk. Les messages sont formatés de manière compacte (indicatifs, report, indicatif du correspondant, etc., éventuellement abrégés en « shorthand ») afin qu’un échange complet (report + accusé de réception final) tienne en quelques trames de 15 s. En pratique, les deux stations conviennent d’alternances d’émission/réception synchronisées sur l’horloge (par exemple l’une transmet de 00 à 15 s, 30 à 45 s, l’autre de 15 à 30 s, 45 à 60 s chaque minute). Elles répètent en boucle les mêmes messages tant qu’aucune réponse n’est décodée fr.wikipedia.org. Dès qu’un ping météore assez fort se produit sur le trajet, le message de l’autre station est reçu et décodé (le logiciel affiche souvent le contenu partiel des messages décodés même s’ils ne sont pas complets). On peut alors passer à l’étape suivante du QSO (ex : échange de report). Plusieurs météores successifs sont souvent nécessaires pour terminer un QSO complet (reports R+ rogers). L’ensemble de la séquence peut durer de quelques minutes à parfois 20 minutes ou plus selon la densité de météores et la puissance des stations g7rdx.co.ukg7rdx.co.uk. Heureusement, pendant les grandes pluies annuelles, il n’est pas rare que plusieurs traînées se succèdent ou se chevauchent, ce qui peut presque donner l’illusion d’une ouverture continue de plusieurs minutes sur la liaison arrl.org. En période hors essaims, MSK144 permet tout de même des contacts n’importe quel jour de l’année sur 6 m ou 2 m, là où les anciens procédés dépendaient fortement des « beaux météores » peu fréquents wsjt.sourceforge.io. En ce sens, ce mode a véritablement démocratisé le meteor scatter en rendant le phénomène exploitable au quotidien par des stations amateurs ordinaires.

Bandes de fréquences et canaux d’activité en 6 m / 2 m

Pourquoi les bandes 50 MHz et 144 MHz ? – Le 6 m (appelé “magic band” par les amateurs) s’est révélé la bande roi du meteor scatter. D’une part, la probabilité qu’une traînée météorique puisse réfléchir une fréquence de 50 MHz est plus élevée qu’à 144 MHz (comme indiqué plus haut, à densité égale une traînée réfléchit mieux les ondes plus longues). D’autre part, la portée réalisable en diffusions météoriques décroit quand la fréquence augmente (à cause de la durée plus courte des bursts utilisables) gars.orgarrl.org. En pratique, le 50 MHz offre le meilleur compromis : c’est sur 6 m qu’il y a le plus d’activité meteor-scatter dans le monde gars.org. La bande 2 m (144 MHz) est également très prisée des chasseurs de DX VHF par météores, mais elle est considérée comme plus pointue : les fenêtres y sont plus brèves, et le niveau de difficulté est plus élevé (ce qui n’empêche pas de nombreux DXmen d’y consacrer leurs efforts avec succès). Au-delà de 144 MHz, il existe quelques expérimentations en 222 MHz, 432 MHz voire 1,2 GHz via les météores les plus denses, mais ces exploits restent marginaux (réservés aux contestataires cherchant des points en concours ou aux passionnés de propagation extrême) gars.orgarrl.org. Par exemple, sur 432 MHz un météore moyen ne donnera qu’un flash radio < 1 seconde arrl.org, rendant la synchronisation d’un échange très improbable. En somme, 6 m est la bande la plus efficace pour le meteor scatter (jusqu’à ~2300 km en cas favorable), et 2 m permet des liaisons similaires (souvent 700–1600 km) au prix d’efforts accrus, tandis que les bandes supérieures sont très aléatoires et rarement exploitées ainsi gars.org.

Fréquences d’appel et sous-bandes Meteor Scatter – Historiquement, la Région 1 (Europe) réservait le segment 50,200–50,300 MHz aux communications par météores qsl.net. De nos jours, l’activité s’est concentrée autour de 50,270–50,280 MHz en USB (mode numérique) pour le 6 m qsl.net. En particulier, la fréquence 50,280 MHz USB a été utilisée par ~99 % des contacts MSK144 en Europe vers 2018 qsl.net. Le plan de bande IARU a récemment suggéré de déplacer l’activité meteor scatter vers 50,360 MHz (segment 50,320–50,380), mais en pratique une grande partie des opérateurs européens sont restés sur ~50,280 MHz où une communauté internationale s’était établie qsl.netqsl.net. Sur 144 MHz (2 m), la fréquence d’appel meteor scatter en Europe était traditionnellement 144,370 MHz (utilisée pour FSK441) qsl.net. Depuis l’avènement de MSK144, on tend à utiliser 144,360 MHz USB comme nouvelle fréquence dédiée aux échanges en 15 s qsl.net. La plupart des communications numériques par météores sur 2 m en EU se situent entre 144,360 et 144,380 MHz (ce créneau est réservé aux MGM – Modes de propagation guidée par la propagation, dans les plans de bande) g7rdx.co.ukg7rdx.co.uk. En Amérique du Nord (Région 2), les fréquences diffèrent légèrement : le 50,260 MHz est la fréquence d’appel MSK144 la plus courante sur 6 m ncjweb.com, tandis que sur 2 m le segment ~144,140–144,160 MHz est utilisé pour le meteor scatter (de nombreux Nord-Américains se calant sur 144,150 MHz USB pour MSK144) ocarc.cak5nd.net. Ces canaux d’appel servent essentiellement à « faire se rencontrer » les correspondants : une fois un contact établi (via une réponse décodée), les opérateurs peuvent convenir de décaler leur trafic sur une fréquence adjacente pour libérer le canal principal. Par exemple, l’émetteur peut inclure dans son appel MSK144 un ton précisant un décalage audio (« CQ 200 », etc.) invitant l’autre station à poursuivre sur une fréquence décalée de 200 Hz ou 2000 Hz, afin d’éviter les collisions en cas de fréquence d’appel encombrée wsjt.sourceforge.io.

Notons que sur 6 m et 2 m, les émissions se font en polarisation horizontale (standard sur ces bandes pour le DX) – cela maximise les chances car les deux stations doivent partager la même polarisation (les traînées ionisées conservent la polarisation de l’onde incidente). En général, les correspondants s’orientent l’un vers l’autre avec leurs antennes directives, ce qui revient souvent à pointer vers une zone du ciel située un peu en dessous de la ligne directe (le point milieu de trajectoire étant à ~100 km d’altitude, on vise souvent un angle faible au-dessus de l’horizon). Il existe des outils en ligne et des calculateurs pour déterminer l’azimut et l’élévation idéals du « point chaud » atmosphérique où la réflexion sera maximale en fonction des deux QTH. Cependant, en pratique, de nombreux contacts meteor scatter sont planifiés via des skeds (rendez-vous) pris sur des chats internet (ex : le chat ON4KST g7rdx.co.uk) ou lors de concours VHF. Les deux stations conviennent alors à l’avance de qui émet en premier, de la période (par ex. « 1ʳᵉ séquence » = l’un en 0–15 s, l’autre en 15–30 s), et de la direction à viser. Cette coordination augmente fortement les chances de succès, car le phénomène est aléatoire – appeler à l’aveuglette sans coordination sur la fréquence d’appel peut fonctionner pendant les pluies de météores, mais hors de ces périodes les skeds pré-arrangés sont la norme pour réaliser des contacts.

Saisons et heures propices en Europe

Activité journalière : Bien que des météores pénètrent l’atmosphère en continu tout au long de la journée et de l’année, leur fréquence présente des variations connues. Sur un cycle de 24 h, le pic d’activité des météores sporadiques se produit généralement durant la deuxième moitié de la nuit, entre minuit et l’aube (environ 4–6 h du matin heure locale) wimo.com. Ce pic matinal s’explique par la dynamique orbitale : dans les heures avant le lever du Soleil, l’observateur se trouve sur la face de la Terre qui avance dans son orbite (face nocturne orientée dans le sens du mouvement orbital), ce qui augmente la probabilité de rencontrer des particules météoriques wimo.com. En revanche, en fin d’après-midi (~18 h), la face terrestre se situe à l’opposé (côté “soirée”), ce qui correspond au minimum quotidien d’entrées météoriques – les particules doivent “rattraper” la Terre par l’arrière, ce qui est moins fréquent. Pour les radioamateurs européens, cela signifie que les meilleures fenêtres pour écouter ou lancer des appels en meteor scatter se situent souvent entre 23 h et 7 h locales, avec un optimum juste avant le lever du jour. En pratique, de nombreux skeds MS sont programmés à l’aube, profitant de ce moment où la probabilité de pings est maximale. Néanmoins, des liaisons restent possibles à tout moment de la journée grâce aux météores sporadiques (y compris en plein jour – même si visuellement on ne voit rien, les radars ou les radios peuvent détecter ces météores diurnes).

Saisons et pluies d’étoiles filantes : En plus du fond météorique aléatoire, il existe des essaims périodiques (pluies) qui accroissent considérablement le nombre de météores pendant quelques jours. Chaque année aux mêmes dates, la Terre traverse les débris laissés par certaines comètes, générant des pluies intenses. Les principales pluies de météores utiles aux radioamateurs en Europe sont : les Quadrantides début janvier, les Perséides autour du 12 août, et les Géminides à la mi-décembre wimo.com. Chacune de ces pluies possède un radiant et un profil d’activité propre, avec un maximum où l’on peut observer des taux de l’ordre de 50 à 100 météores par heure (voire plus dans le cas exceptionnel des Perséides ou Géminides) wimo.com. Pour les radios, ces chiffres sont sous-estimés : même les météores trop petits pour être vus à l’œil nu peuvent produire une ionisation suffisante pour réfléchir un signal radio wimo.com. Ainsi, durant un bon essaim, il peut y avoir en réalité plusieurs pings par minute observables sur 50 MHz et 144 MHz, rendant possible des communications quasi ininterrompues pendant de longues minutes arrl.org. Des concours et activités spécifiques sont d’ailleurs organisés pendant ces périodes (par ex. un MS Sprint européen durant les Perséides, ou des « QSO Party » meteor scatter comme celles promues par la communauté HamSCI hamsci.org). Outre ces trois essaims majeurs, on peut aussi tirer parti d’autres pluies annuelles moyennes (par ex. les Lyrides en avril, les Êta-Aquarides en mai, les Orionides en octobre, les Léonides en novembre, etc.), qui offrent des opportunités supplémentaires bien que moins intenses. Notons que les Léonides, célèbres pour leur tempête historique de 1966, peuvent exceptionnellement produire des sursauts extraordinaires (plusieurs dizaines de milliers de météores par heure), mais cela ne se produit que rarement (en 1999-2001 on a observé des pics importants) arrl.org. En Europe, toutes ces pluies sont plus ou moins visibles selon la latitude et l’heure : par exemple, les Quadrantides (actif surtout la nuit du 3 au 4 janvier) sont bien observables dans l’hémisphère nord, tandis que les Êta-Aquarides (débris de la comète de Halley début mai) sont surtout un essaim de l’hémisphère sud – mais leurs météores peuvent quand même être captés via la diffusion avant l’aube en Europe. En résumé, la période estivale (juin-juillet-août) est particulièrement favorable au meteor scatter en Europe grâce aux Perséides et à un niveau de météores sporadiques assez élevé, mais l’hiver offre aussi de belles ouvertures (Quadrantides, Géminides). Les opérateurs européens planifient souvent des sessions intensives de MSK144 lors de ces pics saisonniers, profitant du grand nombre d’ions sur leur trajectoire pour réaliser des DX spectaculaires sur 6 m et 2 m.

Puissance, antennes et techniques opératoires

La communication par météores est un art qui combine astucieusement la patience… et la puissance. Historiquement, à l’époque du Morse à haute vitesse, il était admis qu’il ne servait à rien de tenter le meteor scatter avec moins de 300 à 500 W en VHF et sans une grosse antenne directive : une puissance importante et un gain élevé étaient indispensables pour être entendu ne serait-ce que quelques fractions de seconde dans le lointain wimo.com. On montait ainsi de grands réseaux de Yagis (voire des tableaux de 4×12 éléments sur 144 MHz) et on utilisait les amplificateurs les plus puissants autorisés. De nos jours, grâce à la sensibilité des modes numériques, les exigences en matériel se sont quelque peu assouplies, sans toutefois disparaître. En effet, même le meilleur décodeur ne peut rien extraire si aucune énergie n’arrive à l’antenne ; or les pertes en propagation météor-scatter sont élevées (distance de plus de 1000 km hors ligne directe, réflexions non spéculaires, etc.). En pratique, pour commencer en meteor scatter il est recommandé de disposer au minimum d’une antenne directive et de quelques dizaines de watts. Par exemple, sur 6 m, une Yagi 3 éléments et 50–100 W peuvent suffire à réaliser des QSO MSK144 pendant les bonnes périodes arrl.org. Sur 2 m, la barre est plus haute : on conseille typiquement une Yagi d’au moins 9–10 éléments et 150 W ou plus arrl.org. Une règle empirique exprimée par des pratiquants est que 100 W en 50 MHz donnent des résultats comparables à 400 W en 144 MHz pour le meteor scatter wsjtx.groups.io. En effet, les opérateurs 2 m utilisent couramment des amplis de 300–500 W (voire 1 kW dans les pays où c’est autorisé) pour compenser la plus faible efficacité des météores à refléter le 144 MHz. Sur 6 m, beaucoup de contacts ont lieu avec des puissances modérées (50–100 W, par ex. depuis un transceiver HF standard), ce qui fait du 50 MHz une bande plus accessible aux petites stations. Dans tous les cas, plus de puissance augmente la probabilité qu’un ping marginal soit décodable chez le correspondant, donc améliore le taux de réussite des liaisons. De même, une antenne à plus fort gain (10 éléments, 5 éléments sur 6 m, ou groupes de Yagis) va concentrer l’énergie vers la zone de diffusion et améliorer le SNR des signaux reçus. L’adjonction de préamplificateurs faible bruit en réception (masthead preamps) sur 144 MHz ou 50 MHz est également fortement bénéfique pour entendre les pings les plus faibles wimo.com. Les préamplis VHF dédiés (ex : SPF144, SP6 m) offrent typiquement 15–20 dB de gain pour un facteur de bruit très faible, ce qui peut faire la différence sur des bursts de quelques dB sous le bruit.

En termes d’installation, une station meteor scatter n’est pas très différente d’une station DX VHF classique. Outre l’émetteur-récepteur (un transceiver couvrant le 50 MHz ou 144 MHz en SSB, comme on en trouve dans la plupart des équipements décamétriques modernes), il faut veiller à la synchronisation temporelle de l’ordinateur qui gère WSJT-X : une synchronisation à ±1 s près est nécessaire pour rester aligné sur les séquences de 15 s (sinon on risque de transmettre pendant la période où l’on devrait écouter, et vice-versa). Des outils de synchronisation NTP pour PC (tels que NetTime, Dimension4 sous Windows) sont disponibles pour assurer cette précision temporelle g7rdx.co.ukg7rdx.co.uk. Pendant l’exploitation, l’opérateur doit faire preuve de discipline : il s’agit de ne pas interrompre ses cycles et de ne pas changer de message trop tôt. Par exemple, si vous décidez d’appeler CQ pendant 5 minutes, il faut maintenir ces appels (15 s on, 15 s off alternés) sans discontinuer, car c’est souvent au moment où l’on s’apprête à arrêter qu’un ping se produit ! De même, lorsque vous recevez une réponse et envoyez le report, il faut répéter ce message jusqu’à obtenir le RO final de l’autre côté, etc. La patience est le maître-mot, surtout hors périodes de pluie météorique. Il n’est pas rare qu’un QSO complet de météor-scatter prenne 10 à 30 minutes d’efforts coordonnés.

Enfin, les logiciels WSJT-X et MSHV offrent des outils pratiques pour le meteor scatter, comme le mode « Sh» (shorthand) sur 144 MHz qui condense les messages de confirmation (R RRR, etc.) wsjtx.groups.io, ou un contest mode automatisé qui envoie directement les échanges de concours locaux (indicatif + code) dès qu’une détection est faite, optimisant la rapidité des échanges. Ces fonctions ont notamment été utilisées lors de contests VHF où les contacts MSK144 apportent des multiplicateurs précieux. Pour la communauté militaire et scientifique, les techniques modernes de météor-scatter amateur démontrent la faisabilité de liaisons semi-automatisées robustes sur des centaines de kilomètres avec des équipements relativement simples et peu de dépendance aux infrastructures – un intérêt certain pour les scénarios de résilience ou les communications de secours.

Conclusion

Les communications par météor-scatter en 6 m et 2 m constituent un domaine fascinant à l’intersection de la radio et de l’astronomie. Grâce aux progrès des modes numériques comme MSK144, cette technique autrefois confidentielle est devenue un outil pratique pour les radioamateurs souhaitant réaliser des liaisons DX à tout moment, même lorsque les bandes VHF semblent totalement fermées. Nous avons vu que le principe repose sur les propriétés réfléchissantes des traînées de météores dans l’ionosphère, offrant des liaisons jusqu’à ~2000 km indépendantes des conditions ionosphériques classiques (pas besoin de propagation sporadique E ou troposphérique) wsjt.sourceforge.io. L’introduction du mode MSK144, avec sa modulation optimisée et son décodage ultra-sensible, a constitué un saut technologique permettant d’exploiter les météores sporadiques quotidiens et d’effectuer des contacts en quelques minutes là où il fallait autrefois des heures d’écoute pour décoder du Morse accéléré. En Europe, l’activité meteor scatter se concentre sur les bandes 50 et 144 MHz, particulièrement durant les pluies d’étoiles filantes de janvier, août et décembre, et avec une préférence marquée pour la bande 50 MHz qui offre les plus longues fenêtres de propagation arrl.org. Les exigences matérielles, bien que moins drastiques que par le passé, restent non négligeables : une station meteor scatter performante requiert une bonne puissance émise (100–500 W selon la bande), des antennes directives à gain (idéalement plusieurs éléments, en polarisation horizontale), et un système de réception sensible (preamplis, etc.) pour détecter les signaux réfléchis fugaces. En réunissant ces conditions et en choisissant bien les moments (prédawn, périodes d’essaims), les amateurs de météor-scatter peuvent vivre l’expérience exaltante de « bouncer » leurs ondes sur des poussières cosmiques – établissant ainsi des liaisons radio inattendues, rendues possibles par la science des phénomènes atmosphériques et la maîtrise des techniques de communication numériques de pointe fr.wikipedia.orgwsjt. sourceforge.io. Les communications par diffusion météoritique illustrent de façon remarquable comment l’ingéniosité technique permet d’exploiter un phénomène naturel évanescent pour créer du lien à grande distance, que ce soit pour le plaisir du DX entre radioamateurs ou pour des applications plus utilitaires envisagées par le passé (militaires, scientifiques). En ce sens, le meteor scatter demeure un sujet d’étude et de pratique à la frontière de la radio et de la science, où les « sciures d’étoiles » deviennent messagères de nos signaux.

Sources : Toutes les informations techniques et scientifiques présentées s’appuient sur des publications et ressources fiables, notamment l’article de référence sur le protocole MSK144 par K9AN et K1JT wsjt.sourceforge.iowsjt.sourceforge.io, les données des Wikipédia français et anglais sur les liaisons par météores fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org, des articles de l’ARRL (QST) détaillant le meteor scatter en pratique arrl.orgarrl.org, le blog technique de WiMo sur la diffusion météoritique wimo.comwimo.com, ainsi que des contributions de radioamateurs expérimentés (pages de G7RDX g7rdx.co.ukg7rdx.co.uk, forum WSJT-X wsjtx.groups.io, etc.). Ces sources sont citées au fil du texte pour permettre au lecteur d’approfondir chaque aspect abordé. En croisant ces informations, nous avons pu dresser un panorama complet et à jour des communications meteor scatter en 6 m et 2 m, et du rôle central qu’y joue le mode numérique MSK144.

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